HARCÈLEMENT AU TRAVAIL: CE QU’IL FAUT SAVOIR

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Si certains comportements au travail sont inacceptables, la manière de les prévenir, de les aborder et de les régler peut faire une énorme différence au sein d’une organisation — d’abord sur le plan humain, mais aussi du point de vue de la productivité globale, et ce, non seulement à court, mais également à long terme. C’est ici qu’entre en jeu une expertise cruciale pour agir et réagir sainement, en franchissant les bonnes étapes. Manon Poirier, conseillère en ressources humaines agréée (CRHA) et directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés, nous parle du harcèlement au travail et nous propose des solutions pour le contrer.

DÉTECTER LES SIGNES

Quand on entend le mot « harcèlement », certaines images nous viennent en tête. Or, outre les gestes ou les paroles à grand éclat, cette conduite est souvent le fruit de remarques ou de comportements subtils mais hostiles. Des exemples ? Dénigrer un collègue en réunion; talonner un employé pour lui demander des comptes; faire des « blagues » — même anodines en apparence — liées à l’origine ethnique ou à l’orientation sexuelle d’une personne, ou à un groupe; claquer des portes ou lancer des objets… Isoler une personne dans son travail et l’exclure de certaines activités sociales constituent d’autres pratiques qui peuvent l’affecter sur le plan psychologique. Dans l’ensemble, ces conduites vexatoires marginalisent la personne visée et ont une incidence négative sur elle, ébranlant son intégrité et son estime d’elle-même.

Bien qu’elle ne soit pas essentielle pour qualifier ce comportement, la répétition représente un autre signe de situation de harcèlement. Et s’il est tentant de croire que ce problème s’inscrit dans une dynamique patron-employé, dans une proportion significative de cas, il se vit plutôt entre collègues. Voilà pourquoi il est important de sensibiliser le plus grand nombre.


« À tort, on croit que la situation va se régler. Dans la réalité, on assiste souvent à une escalade. Les manifestations de comportements inappropriés prennent de l’ampleur, puis l’ambiance se dégrade. »

-Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés

DE L’INCIVILITÉ AU HARCÈLEMENT

La ligne est parfois mince entre harcèlement et incivilité. Or, bien souvent, l’incivilité mène au harcèlement. Une personne qui entre au travail le matin et qui ne dit bonjour à personne, c’est de l’incivilité. En revanche, si une personne envoie ses salutations à tout le monde, mais évite volontairement de les faire à un collègue, il peut être question d’une forme de harcèlement.

Reconnus pour leur haute maîtrise de ce domaine fort délicat et en constante évolution, les conseillers en ressources humaines agréés possèdent et déploient une expertise incomparable en ce qui a trait au maintien d’un milieu de travail sain et à la prévention du harcèlement de même qu’à la mise en place de stratégies d’intervention. Un tel apport est crucial quand on saisit l’importance, à tous les échelons organisationnels, de pouvoir identifier et signaler adéquatement ces problèmes.

TÉLÉTRAVAIL ET HARCÈLEMENT : MOINS VISIBLE, MAIS TOUT AUSSI DOMMAGEABLE

En raison de la COVID-19, le stress prolongé que ressentent les travailleurs est propice non seulement à l’émergence des tensions, mais aussi aux pressions causées par la fragilité de certaines organisations.

Particulièrement en cette ère de travail à distance, les canaux numériques comportent certains risques, souligne Manon Poirier : idées préconçues dans l’interprétation des courriels, isolement des travailleurs, actes répréhensibles moins visibles… Selon un récent sondage réalisé par l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés, 29 % des travailleurs ne seraient pas à l’aise de porter plainte à un employeur à distance en raison du contexte de télétravail.

«  On se retrouve avec une combinaison de facteurs pouvant détériorer la qualité des relations. Si on ne prend pas la peine d’agir, des situations de harcèlement peuvent se manifester  », met en garde la directrice générale.

Le fait que plusieurs victimes alléguées choisissent de se tourner vers les médias sociaux pour dénoncer une situation de harcèlement ou d’agression démontre du même souffle l’étendue du bris de confiance qui existe à l’égard des mécanismes officiels, d’où l’importance de disposer des meilleurs outils et des meilleurs conseils qui soient pour contrer ces réalités à la source.

«  Quand on a un problème fiscal, on appelle un fiscaliste. En matière de harcèlement, les organisations ont donc tout intérêt à recourir aux CRHA.  »

– Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés

Source: La Presse