LE CALVAIRE DU RECRUTEMENT AU QUÉBEC EST LOIN D’ÊTRE TERMINÉ

Le Québec inc. pourrait chercher dans les craques du divan que rien n’y ferait : le nombre d’emplois à pourvoir y est des plus élevés, et la situation est en voie de s’aggraver, s’alarme une économiste chez RBC.

À l’échelle du pays, le nombre d’offres d’emplois a crû de 22% entre mai et juin 2021, pour atteindre 800 000. C’est au Québec (5,8%) et en Colombie-Britannique (6%) que les taux de postes vacants sont les plus élevés, dopés par la demande des secteurs du commerce de détail et des services d’hébergement et de restauration. Au quatrième trimestre de 2019, ces taux étaient plutôt de l’ordre de 3,3% et 3,8%.

Touchées de plein fouet par les restrictions sanitaires, ces industries ont vu de nombreux travailleurs mis à pied se réorienter au cours de la pandémie. Ils n’ont donc pas répondu présents à l’appel de leur ancien secteur lors de leur réouverture, fait remarquer l’économiste Carrie Freestone chez RBC dans une note parue le 30 août 2021.

Elle s’attend d’ailleurs à ce que la situation s’aggrave dans l’ensemble du Canada, au rythme où les employés qui ont mis sur la glace leur projet de changer d’emploi ou de prendre leur retraite pendant la pandémie reprendront de leur aplomb.


Les entreprises qui proposent de plus faibles salaires, surtout dans les provinces où les offres d’emploi ne manquent pas comme au Québec, devront donc réajuster le tir si elles souhaitent trouver des candidats. Et tout porte à croire que le client paiera en partie la note selon l’analyste, car les prix à la consommation risquent d’augmenter. Un mal qui lui semble néanmoins nécessaire.

En effet, «alors que les salaires hebdomadaires en hébergement et en restauration ont grimpé de 24% en juin 2021 par rapport à la même période deux ans plus tôt, la moyenne de la rémunération de cette industrie demeure 44% sous les autres emplois du secteur des services», fait remarquer l’économiste.

Toutefois, seuls les arguments financiers ne sauront convaincre les futurs employés, prévient Carrie Freestone. En offrant des horaires flexibles, en misant sur la semaine de quatre jours, ou en se souciant réellement du bien-être de leur équipe, les employeurs devront se démarquer.

Rappelons qu’avant la pandémie, le taux de chômage québécois a atteint un niveau historiquement bas à 5,1%. Avec la réouverture de l’économie, ce taux se situait à 5,8% en juin dernier.

Source: les Affaires, par Catherine Charron