LA LIMITE D’EMBAUCHE POUR LES ENTREPRISES BIENTÔT DOUBLÉES

Confrontées à une grave pénurie de main-d’œuvre, les entreprises du Québec auront bientôt le feu vert pour embaucher jusqu’à 20 % de travailleurs étrangers temporaires parmi leurs effectifs.

Le gouvernement Trudeau et le gouvernement Legault sont à négocier les dernières modalités d’une entente qui permettrait de relever la limite actuelle de 10 % de travailleurs étrangers temporaires au sein des entreprises à 20 %. Les détails de cette entente pourraient être annoncés au cours des prochains jours, selon des informations obtenues par La Presse.

Le Québec deviendrait ainsi la toute première province à conclure une telle entente avec Ottawa afin de remédier au problème persistant de la pénurie de main-d’œuvre. Ce problème, qui sévissait déjà au Québec avant la pandémie, s’est aggravé au cours des derniers mois tandis que l’économie reprend du tonus.

La situation est telle que des entreprises doivent refuser des contrats ou réduire les quarts de travail, faute d’effectifs. En région, certains magasins choisissent de fermer leurs portes le dimanche.

Cette entente sur les travailleurs étrangers temporaires s’ajoutera à celle que doivent annoncer jeudi à Montréal le premier ministre Justin Trudeau et son homologue québécois François Legault sur le financement de services de garde.

 

Même s’il s’est accordé quelques jours de congé en prévision du sprint électoral, M. Trudeau reviendra dans la métropole pour quelques heures afin de faire cette annonce en compagnie de M. Legault.

Selon nos informations, cela devrait être la toute dernière annonce d’importance à laquelle il participera avant de se rendre à Rideau Hall, vendredi ou samedi de la semaine prochaine, pour demander à la nouvelle gouverneure générale Mary Simon de dissoudre le Parlement. La Loi électorale du Canada prévoyant qu’une campagne électorale doit durer au moins 36 jours et au plus 50 jours, les électeurs devraient donc être convoqués aux urnes le 20 septembre.

Rappelons que, dans son plus récent budget, le gouvernement Trudeau a promis d’investir 30 milliards de dollars sur cinq ans afin de créer un réseau national de garderies à 10 $ par jour en s’inspirant du modèle québécois.

Dès l’annonce de ces investissements « historiques », au printemps, le ministre des Finances du Québec, Eric Girard, a fait savoir qu’il s’attendait à ce qu’Ottawa verse au Québec une somme compensatoire d’environ 6 milliards, et cela, sans conditions, étant donné qu’il s’agit d’un domaine relevant de la compétence des provinces et que Québec dispose déjà d’un réseau de garderies bien établi depuis plus de 20 ans.

Des mois de discussion
À l’approche d’une campagne électorale, le gouvernement Trudeau met visiblement les bouchées doubles afin de régler ces deux dossiers jugés prioritaires par Québec.

Voilà déjà quelques mois que le gouvernement Legault, prenant le relais des groupes représentant les entreprises du Québec, fait pression sur le gouvernement Trudeau afin de modifier les conditions jugées contraignantes du programme de travailleurs étrangers temporaires.

Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, a soumis à son homologue fédérale, la ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et de l’Inclusion des personnes handicapées, Carla Qualtrough, trois propositions visant à modifier le programme des travailleurs étrangers temporaires.

Outre la hausse du seuil maximal de 10 % pour tous les postes dans les secteurs où les besoins de main-d’œuvre sont importants, il exigeait que les professions peu spécialisées soient admissibles au traitement simplifié et que les demandes visant certains postes dans les secteurs des services d’hébergement, de restauration et du commerce de détail soient aussi traitées.

« Ces demandes sont plus que raisonnables et reflètent les besoins du marché du travail et des entreprises. Elles ont été maintes fois relayées par un ensemble de partenaires, qui appuient la démarche du gouvernement du Québec », soutenait le ministre Boulet dans une lettre publiée dans le quotidien Le Soleil en mai.

« La rareté de main-d’œuvre, qui caractérisait le marché du travail québécois avant la pandémie, fait à nouveau sentir ses effets dans plusieurs secteurs d’activités et de nombreuses régions. Les besoins en main-d’œuvre d’un grand nombre d’employeurs québécois sont criants et s’intensifieront à mesure que la relance économique s’accélérera. Dans certains cas, l’accès à la main-d’œuvre décidera de la survie ou de la fermeture des entreprises », arguait-il aussi.

 

Source: La Presse, par Joel-Denis Bellavance